🗓️ Le 30 octobre 2025
🏁 Kilomètres : 217
Je suis le dernier à sortir de ma tente ce matin. J’ai visiblement très bien dormi, encore un peu courbaturé de la veille. Le camp dans lequel nous avons passé la nuit est charmant, une sorte de grand chalet amélioré entouré de gazon tondu à ras où nos tentes sont plantées, avec toilettes sèches et une douche glacée. Je démarre la marche seul mais rattrape vite un groupe de quatre avec qui j’avais marché la veille. Mon groupe d’origine commence à se déliter, ce que nous savions inévitablement tôt ou tard. Je pensais faire ces 3000 kilomètres seul de toute manière, alors j’essaie de ne pas y attacher trop d’importance. Ma priorité c’est de suivre mon propre rythme, même s’il est naturel de vouloir s’attacher à un groupe.
Le chemin commence par une route en graviers sur quelques kilomètres, puis nous en sortons pour prendre un sentier qui serpente à travers des enclos à bétail sur 5 kilomètres. Les terrains sont privés mais les propriétaires autorisent les randonneurs à s’y promener. Des échaliers permettent l’accès d’un enclos à un autre, de petits pontons en bois facilitent le passage des zones boueuses et des escaliers aménagés sont disposés à chaque dénivelé ; ce sentier est une promenade de santé tant il est bien aménagé ! Après ces 5 kilomètres, nous arrivons sur un autre chemin gravillonné pour 5 kilomètres. Une moitié du groupe marche, l’autre moitié … fait de l’auto-stop ! La marche du jour se terminera par une autre section à travers des enclos sur 7 kilomètres. Cette zone offre des vues magnifiques sur des forêts de fougères arborescentes et au loin, la petite ville de Kerikeri se profile. Le sentier longe ensuite une petite rivière avec des berges herbeuses jusqu’à rejoindre une route très passante.
C’est à cet endroit que s'arrête le parcours, je reviendrai au même endroit pour continuer mon avancée le surlendemain. Un petit supermarché se tient à courte distance, c’est à cet endroit que Juliana, la maman de Candace, vient me récupérer (Candace est la femme de mon amie Christelle, rencontrée lors d’un vol). Nous faisons brièvement connaissance dans la voiture, le trajet n’est pas très long. Elle emprunte un petit chemin de graviers et voilà qu’on arrive devant une habitation d’un charme fou. Bardée de blanc, la maison se tient sur deux niveaux. La terrasse côté sud fait face à un magnifique étang que les propriétés alentours se partagent. Moi qui souhaitais me reposer, je ne pouvais pas demander mieux. Juliana est aux petits soins pour que je m’y sente bien. J’ai droit à une visite guidée du grand jardin dans lequel elle a planté un grand nombre d’arbres fruitiers. Citronniers, pruniers, goyaviers du Brésil, pistachiers, bananiers, arbres à kiwi, et j’en oublie un grand nombre.
Pauline, sa maman de 94 ans, est présente cette semaine et c’est tous les 3 que nous prenons un petit apéritif. Nous apprenons à nous connaître et découvrons notamment que nous sommes tous deux déjà allés à Madagascar. Juliana y est allée pendant deux mois l’année dernière dans le cadre d’une mission humanitaire. En sa qualité d’infirmière, ses compétences y sont forcément très utiles. La soirée ne se prolonge pas très longtemps, je sens la fatigue venir, je remercie mon hôte et vais me coucher.
🗓️ Le 31 octobre 2025 (jour de repos)
Le lendemain, Juliana tient à me faire visiter le littoral, la fameuse "Baie des Îles". D’une largeur d’une quinzaine de kilomètres, elle est bordée d’une côte déchiquetée et compte 144 îles et îlots. Juliana comptait m’emmener faire un tour sur son petit voilier mais la météo du jour ne le permettant pas, nous faisons une courte promenade sur les hauteurs pour bénéficier d’une jolie vue sur la baie. Nous pouvons observer les barges ostréicoles chargées de caisses pleines d’huîtres revenir dans la petite baie d’Opito. En redescendant, elle s’enquiert auprès des pêcheurs s’il est possible de prendre une douzaine d’huîtres prélevées directement depuis leur chargement. Requête approuvée, pour 5€ nous aurons de quoi faire un apéritif ce soir ; ça tombe bien, je n’avais encore jamais goûté d’huîtres (véridique !). De retour à la maison, je vaque à mes occupations durant l’après midi. Nous terminerons la journée avec ses amis invités pour le dîner.
🗓️ Le 01er novembre 2025
🏁 Kilomètres : 225
Juliana me dépose ce matin au lieu où j’avais terminé ma randonnée. Je démarre à l’endroit précis (au pas près !) où je m’étais arrêté l’avant-veille ; je tiens à faire ce trek tout du long sans discontinuité. La météo est magnifique ce matin, on est samedi et beaucoup de gens profitent du week-end pour se promener. La rando du jour s’annonce des plus faciles, seulement 7 kilomètres. J’aurais pu en faire 27 d’un coup, mais j’aurais à nouveau dû prendre un jour de repos, je ne peux récupérer ma nouvelle tente que lundi, la poste étant logiquement fermée le dimanche. Alors, je vais prendre mon temps pour cette étape dans Kerikeri!
La ville de 8000 habitants est située sur la côte nord-est du pays et bénéficie d’un microclimat subtropical caractérisé par des hivers doux et des étés chauds et humides. Ce qui explique la possibilité de faire pousser autant d’espèces d’arbres fruitiers, de fleurs et de plantes exotiques. Elle est réputée pour sa production de citrons, de kiwis, d’avocats et de myrtilles. La commune est traversée en plein milieu par un cours d’eau, qui quelques kilomètres en amont, se transforme un bref instant en une cascade d’une hauteur de 27 mètres. Plusieurs fois durant la matinée, des habitants m’abordent en voyant mon gros sac à dos pour savoir si je parcours Te Araroa et me posent beaucoup de questions à ce sujet. La grande majorité des Kiwis (surnom des Néo-Zélandais) ont la communication très aisée, démarrent une conversation avec un inconnu sans aucune gêne et proposent très souvent leur aide. On sent un réel soutien des locaux pour les marcheurs de Te Araroa.
Les 7 kilomètres du jour sont vite achevés. Je m’installe à un café situé à côté de la plus vieille maison du pays (datant de 1822, construite par des missionnaires) et m’offre un déjeuner avec plusieurs desserts ! Un peu plus tard, je rejoins mon Air Bnb et passe la soirée à écrire mes aventures et me détendre.
🗓️ Le 02 novembre 2025
🏁 Kilomètres : 245
Je marche aujourd’hui de Kerikeri à Paihia en passant par un lieu-dit appelé Waitangi (je donne les noms pour ceux qui souhaitent suivre sur une carte). Faisons un peu d’histoire ; bien que la Nouvelle-Zélande fût découverte en 1642, les premières ambitions de colonisation anglaise n’apparurent que 200 ans plus tard en 1840. Pour couper l’herbe sous le pied des Français, qui eux aussi convoitaient la Nouvelle-Zélande, les Anglais signèrent à Waitangi un traité bilatéral avec les Māoris. Le texte stipulait que seuls les Anglais avaient le droit d’acheter des terres néo-zélandaises, qu’ils offraient aux Māoris leur protection royale ainsi que les mêmes droits qu’aux citoyens britanniques. Les Māoris devaient reconnaître la souveraineté de la couronne anglaise mais pouvaient continuer à exercer leurs lois locales et leurs traditions. Il n’y eut jamais d’esclavagisme instauré en Nouvelle-Zélande, qui fut de toute manière abolie dès 1833 dans l’Empire britannique. On sent encore le respect et l’intégration de la culture maorie au sein de la société moderne néo-zélandaise.
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