🗓️ Le 07 novembre 2025
🏁 Kilomètres : 357
Nous décidons avec Pablo que nous marcherons ensemble aujourd’hui. Cela fait des jours que nous sommes seuls, alors la perspective d’avancer avec quelqu’un au même rythme et de pouvoir discuter est plaisante. Avant de démarrer, nous retournons voir cette gérante de snack/supermarché/camping qui nous avait dit la veille qu’elle faisait des petits-déjeuners, mais nous annonce encore une fois qu’elle n’a rien à manger … décidément ! Ce sera flocons d’avoine tirés du sac comme tous les matins !
Nous n’avons que quelques foulées à faire et nous arrivons directement au pont piéton de Whananaki qui traverse l’estuaire sur une longueur de 400 mètres et d’une largeur tout juste suffisante pour croiser quelqu’un. L’ouvrage est étonnant et très agréable à franchir. En arrivant de l’autre côté, nous empruntons un chemin de sable qui nous mène au départ d’un sentier qui franchit plusieurs petites criques. Dès la première, nous sommes ébahis par le charme que dégage les lieux : une petite baie à l’eau turquoise, bordée de prés et d’une petite rivière qui s’écoule sur un côté. Les arbres disséminés de ci, de là sont penchés et biscornus, certainement sous l’effet permanent des bourrasques. Deux maisons se partagent les lieux, et on ne peut s’empêcher de penser que leurs propriétaires doivent être les gens les plus heureux du monde dans un cadre aussi ravissant ! Nous avançons en enchaînant les criques, différentes par leur disposition mais d’un charme égal. La progression devient ensuite moins entraînante, une autre section de 15 kilomètres le long d’une route nous attend.
Notre village d’arrivée s’appelle Ngunguru, un nom surprenant par son originalité et par sa consonance africaine. Mais il ne faudra pas chercher de lien avec le continent africain, nous trouverons ses origines dans la culture maorie, son nom signifiant “marées grondantes”. Nous faisons quelques provisions et nous rendons ensuite face à l’estuaire où James, gérant du camping de ce soir, vient nous récupérer en bateau. La traversée ne prend que 3 minutes et nous pourrions l’effectuer à la nage si nous n’avions pas nos sacs à dos. En débarquant, nous avons la surprise de découvrir un camping sublime. James a aménagé le fond de son jardin pour accueillir les marcheurs et d’éventuels touristes avec beaucoup de goût et une grande attention portée aux détails. Il se plaît beaucoup à jouer les guides en nous présentant le camp et en nous expliquant ses différentes techniques de construction. Nous en faisons le tour en commençant par l’espace commun qui comprend une cuisine basique, une grande table, des canapés et un coin fléchettes. Nous visitons ensuite les différentes cabanes avec lits qu’il a construites lui-même. Tout est fait en bois de récupération d’anciennes maisons ou même d’une vieille école qui tombait en ruine ; il est même encore possible d’apercevoir les crochets sur lesquels les élèves accrochaient leurs sacs. Les douches sont énormes, avec un ponton en bois, des parois en tôles qui s’arrêtent au niveau du visage et laissent apparaître derrière toute la végétation environnante ; une divine douche en plein air ! Un cabanon avec deux toilettes sèches a aussi été aménagé.
Le camp est si beau que je décide immédiatement de prendre mon second jour de repos ici, ce que Pablo approuve également, la météo s’annonce mauvaise pour le lendemain de toute manière. Nous passerons le reste de l’après midi et de la soirée à se reposer et à jouer aux fléchettes. Score de 4 à 0 pour le Guatemala !
🗓️ Le 08 novembre 2025 (jour de repos)
James nous apporte ce matin un peu de lait et quelques légumes pour agrémenter nos repas. Ayant décidé de prendre une journée de repos (que nous appelons sur le trek une “journée zéro”), nous devons retourner à la petite supérette pour acheter un peu plus de provisions. Notre hôte nous suggère de nous y rendre … en kayak ! Il a la gentillesse de nous les mettre à disposition gratuitement et prend beaucoup de plaisir à nous présenter une carte de l’estuaire qu’il a peinte lui même afin de nous montrer tous les recoins à visiter. La météo qui s’annonçait mauvaise la veille se transforme en une superbe journée ! Nous naviguons dans l’estuaire en direction de l’embouchure. La marée est encore montante, nous sommes donc légèrement à contre-courant. Après avoir fait nos courses, nous redescendons en direction du camp en passant par la mangrove que James nous a conseillée de sillonner. A marée haute, les troncs des Manawas (aussi appelés mangrove grise) sont à moitié immergés, donnant l’impression de voguer à travers une forêt noyée. Nous nous amusons à nous faufiler à travers les arbres, notre finesse de navigation étant toute relative, nous heurtons quelques végétaux. Cette mangrove de Nouvelle-Zélande est la plus australe au monde et s’arrête au niveau du 38ème parallèle sud qui traverse l’île du Nord ; des deux côtés de l’île, aucune autre mangrove ne pousse passé ce niveau, en raison de la froideur de l’océan.
En revenant au camp, nous passons le reste de la journée à lire et à se promener sur la plage à marée basse. Le tournoi international de fléchettes se solde désormais par un sept à zéro … défaite cuisante !
🗓️ Le 09 novembre 2025
🏁 Kilomètres : 383
La journée commence avec un rayon de soleil, même si les prédictions météo annoncent beaucoup de pluie. Sur les 26 kilomètres prévus aujourd’hui, seulement quatre se feront sur sentiers ; le reste le long des routes. Je me mets en chemin avec un demi entrain, un peu de musique dans les oreilles m’aidera à prendre un meilleur rythme. Je marche tête baissée et me laisse porter par la mélodie en perdant la notion de temps … jusqu’à ce que je croise un groupe de randonneurs qui vient dans l’autre sens... "???" ! Surpris par cette étrangeté je leur demande s’ils se sont trompés de chemin, mais ils m’informent que j’ai raté la fourche qui devait me conduire sur le sentier. Heureusement, je n’ai qu’à faire une centaine de mètres en arrière pour retrouver le sentier, qui serpente désormais à travers la forêt et traverse un cours d’eau. La pluie annoncée se met à tomber, d’abord en fine bruine, ensuite en franche pluie pour se transformer en une véritable douche lorsque nous retournons sur la route. Nous avons encore 14 kilomètres à faire et le déluge ne semble pas baisser en intensité. Je suis trempé ! Je pensais que le kayak d’il y a quelques jours m’avait franchement mouillé mais c’était sans compter sur ce véritable torrent. Je sens l’eau ruisseler jusque dans mon slip ! Mes chaussures sont des éponges et mon t-shirt me colle à la peau tant je suis dégoulinant. Quelques dictons me viennent en tête, comme “il pleut comme vache qui pisse” ! “Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin”. “Ce qui est mouillé ne craint pas la pluie”. Nous sommes 3 à marcher le long de la route, avec Pablo et un Australien originaire d’Europe de l’Est qui parle beaucoup beaucoup beaucoup…
En arrivant à Pataua qui est notre destination finale, nous retrouvons une dizaine de randonneurs devant un camping. Ils ont tous fait du stop, nous avons été les seuls fous téméraires de la bande. Certains décident de planter leurs tentes malgré le déluge, mais avec 6 autres marcheurs, nous décidons de louer une petite maison pour être au sec. La perspective d’être nombreux dans un petit espace ne m’enchante guère, mais dormir en tente sous la pluie en étant déjà trempé m’inspire encore moins.L’ambiance générale est finalement plutôt bonne.
Nous allons nous coucher tôt, nous devons nous réveiller de bonne heure demain matin pour un autre défi, traverser l’estuaire de Taiharuru à marée basse.
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