🗓️ Le 23 octobre 2025
🏁 Kilomètres : 70
Je me réveille à 4h15 du matin en ayant dormi 8h d’une seule traite! Formidable, je me sens frais comme un gardon ! La veille je me sentais un peu endolori mais le corps humain possède une capacité extraordinaire de récupération pendant le sommeil. Je remballe mes affaires, prends mon petit dej et c’est parti à 6h pour 30 kilomètres de plage. Il fait encore sombre, l’aube s’avance doucement, révélant sa lumière et ajoutant des touches de couleur avec parcimonie. C’est un vrai spectacle qui permet de rompre avec la monotonie répétitive des paysages qu’offrent une plage tout en longueur. Je suis heureux d’être là, heureux de faire partie de ceux qui ont la chance de se lancer dans cette longue aventure. Le temps que le jour s’installe, j’ai déjà pu mettre quelques kilomètres derrière moi. Je prends conscience que c’est la première fois de ma vie que je fais une randonnée de 85 kilomètres continus avec zéro mètres de dénivelé ! Un plat absolu. Altitude zéro. Dénivelé zéro !
Sur le chemin, je rencontre Mason, un jeune Néo-zélandais de 13 ans qui fait de la moto, arrivant en face de moi. Il est à peine 7h du matin alors je suis un peu surpris qu’un jeune garçon fasse de la moto aussi tôt le matin. Il me demande la direction du camp Hukatere, le camp où je terminerai ma marche aujourd’hui. Je suis donc au regret de devoir lui dire qu’il se dirige dans le mauvais sens. Il vérifie qu’il a assez d’essence, et repart d’où il est venu. Après une dizaine de kilomètres, je me retourne et j’ai la surprise de voir que la végétation autour du camp de départ est encore visible. C’est étrange de n’avoir ni l’impression d’avancer quand je regarde en arrière, ni l’impression d’avancer quand je regarde en avant. La visibilité étant claire ce matin et la plage étant d’un plat absolu, l’illusion de faire du sur place est un peu déroutante. Mais je sais que, pas après pas, j’avance lentement mais sûrement vers mon but.
Les découvertes ne sont pas nombreuses, il n’y a que très peu de divertissements. Des coquilles de moules encore et encore, quelques méduses violettes et des monticules d’algues échouées. Je passe à côté d’un énième tas d’algues … jusqu’à ce que je réalise en étant à trois mètres qu’il s’agissait en fait d’un bébé otarie à fourrure. Il doit faire environ 80 centimètres et j’estime une vingtaine de kilos. Il est là sur la plage, à dormir, bailler et se gratter. En Nouvelle-Zélande ça n’est pas très surprenant d’en trouver. Le pays compte une population d’otaries de 200.000 individus. Celui-ci, espérons-le, n’attendait que sa maman partie pêcher pour le nourrir. J’espère qu’il n’était pas abandonné. Je ne l’embête pas très longtemps et continue mon chemin.
Je me planifie deux pauses aujourd’hui. L’une à 12 et l’autre à 20 km, pour me reposer et grignoter. C’est la méthode que j’ai choisie pour éviter de me fatiguer et optimiser ma récupération. J’ai la bonne idée de m’installer à côté d’une dune pour prendre ma pause ; le vent se lève, la tartine de beurre de cacahuète que je me suis préparée se recouvre d’une délicieuse couche de sable croustillant. Pendant ce temps, mon sac se remplit de sable, mon téléphone se couvre de sable, c’est tout juste si je ne me transforme pas en dune moi-même. J’aurais dû m’acheter un dromadaire durant mes huit années à Dubaï !
En approchant des derniers kilomètres, je me mets à les compter. Encore 8. Encore 6. Encore 5. Encore 4,5 … je ne suis pas si fatigué que ça, mais mes pieds, eux, ne sont plus très d’accord d’avancer. Marcher dans le sable, même compact, est un exercice en soi. En arrivant au camp du soir, je retrouve le jeune Mason qui m’a reconnu, et qui me remercie de l’avoir remis dans la bonne direction. Son frère le gratifie d’un “he’s such a dumbass - traduction -“c’est vraiment un couillon”. Ce soir le camp c’est le grand luxe: petite cuisine, prises pour brancher les téléphones, wifi, … et même des douches chaudes ! Quel bonheur, une vraie douche après 3 jours de marche! Ben fête son anniversaire aujourd’hui. Étant au courant, je lui avait déjà pris un petit présent 4 jours plus tôt dans la dernière petite ville. D’autres lui offriront un chocolat ou une carte d’anniversaire. Il a même emporté avec lui un gâteau et des bougies pour le célébrer. Nous sommes tous autour à lui chanter joyeux anniversaire, c’est convivial, presque familial :) la famille Te Araroa.
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