🗓️ Le 22 octobre 2025
🏁 Kilomètres : 40
Je me réveille à 4h du matin. La nuit a plutôt été bonne et puisque je n’arrive pas à me rendormir, je commence à remballer mes affaires et me prépare mon petit déjeuner. Les autres se réveillent au fur et à mesure quand je termine de manger. Je suis le premier à démarrer la marche. L’aube s’installe, il fait encore un peu sombre mais c’est tout à fait convenable pour se repérer. Une sorte de brouillard matinal s’accroche à la côte, donnant une atmosphère figée toute particulière. Les 4 premiers kilomètres se font sur de petites collines couvertes de manuka. C’est calme, même si les vagues qui s’écrasent sur les rochers un peu plus loin tonnent en un fracas continu. J’arrive au sommet de la dernière colline et devant moi des escaliers aménagés bordés d’arbres bas serpentent en tombants une centaine de mètres plus bas avant de se terminer sur une plage d’une longueur qui paraît infinie : le spectacle est époustouflant, j’ai devant mes yeux la légendaire “Ninety Miles Beach”. Cette étendue de sable, longue en réalité de 55 miles (85 km), est la première réelle difficulté du parcours. 85 kilomètres de sable en une ligne parfaitement droite, l’océan qui fait déferler ses vagues et quelques dunes qui bordent la plage : ceci sera mon unique décor pour les trois prochains jours. J`ai déjà fait 4 kilomètres dans les collines, j’en ai encore 25 sur la plage qui m’attendent ; 30 kilomètres pour le lendemain ; 30 kilomètres une nouvelle fois le jour d’après.Après avoir descendu une bonne volée de marches, voici que je pose mes premiers pas sur la plage sauvage. Les collines derrière moi, je fais face à une étendue plate d’une immensité étourdissante. Je ne peux voir qu’à 3-4 kilomètres devant moi, le brouillard côtier que dégage l’océan me barre la vision lointaine. Quelle excitation! Je me sens comme si j’étais le seul homme sur la planète. Je suis d’ailleurs tout seul! Ma planète à moi pour les prochains jours, c’est cette étendue de sable.
Je marche en me rapprochant de l’océan. J’essaye de trouver le juste niveau, un peu trop bas et j’ai les pieds mouillés, un peu trop haut et le sable est trop mou ; repérer où le sol est bien compact permet d’avancer en se fatiguant moins. Je marche des heures en ne croisant qu’une souche d’arbre flottée, des coquilles de moules, parfois une méduse échouée. Chaque petit monticule qui apparaît sur la plage devient une curiosité. Un oiseau mort, un poisson décomposé, un morceau de corail ou une noix de coco. J’ai même trouvé ce que je pense être un petit pingouin. En réalité, il s’agissait d’un manchot pygmée, la plus petite espèce de manchot au monde. Il ne vit qu’en Nouvelle-Zélande et sur les côtes sud de l’Australie.
Le temps est parfait, parfois ensoleillé, parfois couvert de quelques nuages qui sont les bienvenus pour éviter d’être trop exposé au soleil. Le vent de la mer permet de ne pas sentir la chaleur. Je me remets plusieurs fois de la crème solaire, le soleil ne pardonne pas ici. Le pays possède l’un des pires indice UV de la planète. Après environ 8h de marche ponctuée de pauses, j’aperçois au loin la petite bande rocheuse qui abrite le camp du soir. Une bande d’herbe qui monte en pente douce, faisant face à l’océan. Idyllique ! Je suis épuisé. La marche sur le sable, bien que compact, est très fatigante. Je suis arrivé assez tôt, il n’est que 14h15. J’ai le temps de monter ma tente pour la faire sécher. La nuit dernière le relent incessant de la mer projetait une bruine qui a détrempé la tente. Alors cette arrivée tôt est la bienvenue pour tout faire sécher.
Un beau coucher de soleil pour conclure la soirée et je me couche, fatigué mais satisfait.
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