🗓️ Le 04 novembre 2025

🏁 Kilomètres : 282

 

Je démarre cette quinzième journée de randonnée, toujours motivé bien sûr, mais avec moins d’appétit pour la semaine qui s’annonce. Sur les 5 prochaines journées, 120 kilomètres à parcourir dont 90 en bord de route - elles seront goudronnées ou faites de graviers. Le sentier initial passait à travers la forêt de Russell, mais en raison de la maladie qui touche les arbres Kauri, elle a été fermée 5 ans auparavant et nous devons faire un détour conséquent. J’essaie de ne pas regarder trop loin devant, je prends les choses comme elles viennent sans découragement, j’ai passé une bonne nuit et je suis prêt à me mettre en route pour la journée. Je mets de la musique entraînante pour me distraire, mais en n’utilisant qu’un des deux écouteurs : je dois pouvoir entendre les véhicules qui arrivent. Le chemin monte et descend d’innombrables petites côtes, longeant quelques rares maisons isolées. La plupart du temps, le chemin passe à travers des forêts et serpente le long de prés avec des vaches, veaux et chevaux. Dans cette partie nord du pays, je suis étonné du peu d’élevages de moutons, majoritairement les fermes y produisent du lait et de la viande de bœuf. Je connaissais la réputation de la Nouvelle-Zélande produisant principalement de la viande d’agneau et de la laine, mais entre 1980 et 2025, le nombre de moutons s’est réduit de 70 à 25 millions de têtes, s’expliquant par la volonté des fermiers à passer de la production de viande ovine à celle du lait, et également en raison d’une politique du pays à offrir des crédits d’impôts à ceux qui planteraient un nombre conséquent d’arbres, réduisant l’impact carbone du pays.  

 

À la moitié du parcours, je croise les américains Greg et Ashley. Nous n’avons pas encore beaucoup discuté depuis le début du trek, en dépit de s’être pourtant rencontré dès le premier jour. Alors, cette section de route est une bonne opportunité pour apprendre à se connaître. Et puis ça sera fun, ils sont amusants et spontanés et leur dynamique de couple est adorable, ils n’ont jamais un mot désagréable envers l’autre. Nous trouvons des balles de golf au bord de la route, c’est donc l’occasion de lancer un tournoi international de frappes de balles, bien que nous ne disposions pas de tee pour les placer. Nos lancés sont pathétiques mais on mérite de nous divertir. Nous évoquons nos précédents voyages, les raisons qui nous ont poussées à se lancer sur ce trek et un peu de politique avec les récentes frasques de leur très cher président Donald Trump. 

 

Nous arrivons à notre camp du soir, une magnifique ferme reconvertie pour les touristes mais également pour des travailleurs qui obtiennent le logement et le couvert en échange de leurs travaux à la ferme. Quelques marcheurs sont déjà présents, nous plantons nos tentes avec une bonne soirée reposante en perspective. 

 

 

🗓️ Le 05 novembre 2025

🏁 Kilomètres : 307

 

Je prends mon temps pour démarrer cette quinzième journée en sachant pertinemment que 75 % de la rando du jour se fera sur route. Le groupe avec qui j’ai passé la soirée prend un bus afin de couper les 20 kilomètres de bitume. Ça ne me dérange pas de marcher seul, mais c’est tout de même étrange de systématiquement me retrouver à l’arrière ; je rencontre des marcheurs, ils font du stop et se retrouvent continuellement loin devant moi.

 

La météo est au beau fixe, les paysages se succèdent et sont étonnamment variés, ce qui casse la monotonie de ma progression. J’aperçois des prés vallonnés taillés en escaliers par les vaches qui y broutent, des forêts de mangrove baignant dans une mer montante qui vient lécher les bords de la route, et même des cochons sauvages - une truie (la grosse cochonne) et ses 6 petits cochons. Petite anecdote : une randonneuse qui campait la nuit avant de démarrer son trek à Cape Reinga s’est retrouvée avec un cochon sauvage dans sa tente qu’il a perforée ainsi que son matelas de camping et dévoré ses provisions … sacré démarrage pour elle ! Une solidarité entre marcheurs s’est mise en place pour lui remplacer sa tente et ses victuailles. 

 

Après ces 20 kilomètres de route, j’emprunte un sentier très bien aménagé qui s’enfonce dans la forêt en grimpant dans les collines environnantes à une hauteur de 350 mètres. Le sentier monte et descend continuellement, la vingtaine de kilomètres sur route m’ayant cassé les jambes, ma progression devient très lente. En arrivant au sommet, j’atteins une sorte de plateau couvert de prés, la forêt enveloppant les pentes en dessous. Le chemin continue à la lisière du plateau et finit par atteindre une petite clairière qui sert de camp. Une table de pique-nique un peu bancale et un réservoir d’eau sont mis à disposition des marcheurs. Je pourrais encore continuer 6 kilomètres de plus et je trouverais un autre camp avec des douches, mais je me sens épuisé. Et ce lieu me semble superbe ! J’installe mon campement et je ne vois pas la moindre personne passer jusqu’à ce que je reparte le lendemain matin. 

 

 

🗓️ Le 06 novembre 2025

🏁 Kilomètres : 330

 

Quel bonheur de se réveiller tôt au milieu de la nature ! La météo est superbe et les oiseaux offrent un joyeux concert. Je m’installe à la table de camping bancale et je me fais chauffer de l’eau chaude pour mon petit déjeuner (deux fois car je renverse tout le contenu une première fois par maladresse). Les affaires rangées, je me mets en route. Je n’ai que 3 kilomètres de sentiers avant de rejoindre une route que je vais suivre pour le reste de la journée. En marchant sur le bitume, je me fais la réflexion de savoir si je ne suis pas trop obtus - je n’ai encore rencontré personne depuis le début du trek qui, comme moi, marche chaque kilomètre sans jamais faire de stop. Il est vrai que la progression le long des routes n’apporte pas grand chose et n’est pas très plaisante. Heureusement, le trafic est faible, ce qui à au moins le mérite d’en réduire la dangerosité. Je parle aux quelques vaches que je croise pour me tenir compagnie, même si la manière détachée avec laquelle elles me regardent en mâchant leur chewing-gum manifesterait plutôt du jugement de leur part. Alors je les laisse médire à mon sujet et je continue ma route. 

 

Une fois la section de route achevée, il me reste deux kilomètres de sentiers afin d’atteindre le prochain camping. J’avais lu qu’un petit snack proposait de quoi déjeuner, tant mieux ça me changera un peu de ma routine. En arrivant, la patronne qui fait gérante de camping / gérante de supérette / gérante de snack m’annonce qu’il n’y a rien à manger aujourd’hui. Zut zut ! Je plante ma tente et déjeune avec ce que je trouve dans mon sac, quand un autre randonneur m’aborde. Il s’appelle Pablo, a 35 ans lui aussi et il vient du Guatemala mais a passé les 15 dernières années en Allemagne. Nous faisons connaissance et il m’apprend que lui aussi marche chaque kilomètre. Enfin ! Je ne suis donc pas le seul. Le plus drôle étant que je me faisais la réflexion de penser que j’étais l’unique marcheur à faire toutes les sections de route en désespérant, alors qu’il devait se trouver juste 2 kilomètres devant moi !Nous passons le reste de l’après-midi ensemble, admirons le plus beau coucher de soleil depuis le début de l’aventure et nous accordons pour démarrer la randonnée demain matin à la même heure. 

 

 

Photos du 04 novembre 2025

Photos du 05 novembre 2025

Photos du 06 novembre 2025

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