🗓️ Le 03 novembre 2025
🏁 Kilomètres : 263
Programme du jour, 18 kms en kayak dans la "Baie des Îles" ! Nous partirons de Paihia, longerons Opua et nous enfoncerons dans un bras de mer jusqu’au hameau de Waikare. J’aurais aussi pu choisir une autre option, traverser la baie avec un ferry sur 1 kilomètre et ensuite 13 kilomètres à marcher le long d’une route. L’option du kayak s’impose naturellement. La compagnie qui loue les kayaks m’a donné comme instruction de venir à 10h30 un peu plus bas dans la ville. Quand j’arrive, j’y retrouve les Américains Greg et Ashley, une Allemande Teresa que j’avais rencontrée lors de la formation “traversée de rivière en toute sécurité” à Auckland avant de démarrer le trek, et 6 autres randonneurs que je n’avais encore jamais croisés. L’instructeur nous avoue qu’il s’est trompé d’horaire sur les marées et que nous ne pourrons démarrer que dans une heure et demi ; en effet, nous devons faire coïncider notre arrivée à Waikare avec la marée haute pour deux raisons : la première est que le dernier kilomètre dans la mangrove est peu profond, si nous arrivons trop tôt ou trop tard nous ne pourrons plus pagayer, la seconde est que si nous arrivons trop tard, la marée descendante nous compliquera l’avancée au fond de la baie, le courant nous poussant vers le large. Nous avons donc du temps pour prendre un café.
Midi arrive, nous poussons les kayaks dans l’eau et démarrons. En raison des vents conséquents et pour faciliter notre avancée, nous recevons des kayaks 2 personnes! Étant 8 binômes et 2 randonneurs solo, c’est tout naturellement que je fais équipe avec Lachlan, un Australien de 26 ans. Je m’installe devant, il se met à l’arrière. Je comprends dès ses premiers coups de pagaie que ça n’est pas un rigolo venu faire du tourisme. Je sens la force de son coup de rame faire avancer l’embarcation comme si elle était dotée d’un petit moteur. Il se donne à fond, par principe je ne peux pas être seulement à moitié, alors je pagaie du plus fort que je peux et nous filons en avant toute. Nous avions reçu comme instruction d’éviter d’avoir le groupe de manière trop éparse, nous faisons donc une petite pause pour attendre les autres. Je me retourne, j’ai la surprise de voir qu’ils sont à des centaines de mètres derrière, petits points au large … il semblerait vraiment qu’il y ait un moteur sous notre kayak !
Nous continuons notre avancée lorsque les autres nous rejoignent, nous passons Opua (un petit village côtier) et, après avoir viré légèrement à gauche, nous faisons face à une immense ligne droite, le bras côtier qui s’enfonce dans les terres sur des kilomètres. Le vent se lève et il souffle droit dans notre direction, ce qui ne facilite pas notre progression. Pire, des vagues commencent à se former avec des creux de 50 à 80 centimètres … ça ne paraît pas beaucoup, mais avec nos canots, c’est rock’n’roll ! L’instructeur nous a fourni des sortes de jupes que nous aurions pu enfiler et ajuster sur le dessus des kayaks afin d’éviter d’avoir de l’eau qui pénètre dans le bateau, en ajoutant qu’il nous les fournissait par principe mais que ce serait inutile aujourd’hui - monsieur, vous êtes l’expert, nous suivons vos recommandations. Mais quand je réalise la quantité d’eau que je reçois dans l’embarcation à chaque vague, je le maudis de nous avoir dissuadé de les porter. À chaque fois que le kayak est dans le creux d’une vague et la frappe de plein fouet, une projection d’eau me cingle le visage. J’ai mis des lunettes de soleil avec l’espoir d’éviter les éclaboussures d’eau de mer dans les yeux, mais cela se révèle être d’une inutilité absolue tant j’ai d’eau qui me ruisselle sur le visage ! Je tente de fermer les yeux pour les soulager de l’iode qui les irrite, avec pour résultat de pagayer dans le noir - je m’en fiche, c’est Lachlan qui dirige l’embarcation de toute manière ! Je l’entends être hilare à chaque fois qu’un flot me submerge. J’ai vite fait d’être mouillé, dégoulinant, ruisselant, franchement trempé - et me retrouve assis dans une quantité d’eau qui m’arrive presque à la hanche. Un peu plus, et c’est le naufrage du Titanic, suivi du Radeau de la Méduse !
On aurait du mal à le croire, mais je m’amuse de ces conditions. J’imagine être un de ces chalutiers se trouvant dans une grosse tempête dans les quarantièmes rugissants avec des vagues hautes de 10 mètres. Je souhaiterais avoir des essuie-glaces devant les yeux pour améliorer ma vision ou bien être équipé d’un masque-tuba de snorkeling - j’aurais l’air bien fin ! Et je pagaie, pagaie, pagaie, pour atteindre la petite île au milieu du bras de mer qui signera notre pause déjeuner. Elle est là, devant nous, semblant ne se rapprocher que trop lentement. Et enfin, nous débarquons sur la petite plage. C’est magnifique. C’est bucolique. Je suis trempé, mais content. Les autres binômes arrivent au compte-goutte, tous heureux d’en avoir fini avec cette première moitié de régate. Nous devons tous retourner nos kayaks afin de les vider de l’eau accumulée. Nous profitons de la pause pour sécher ce que nous pouvons, tout en sachant que ça n’est pas vraiment nécessaire, la seconde moitié du parcours nous attend encore. Je mange quelques biscottes avec du beurre de cacahuètes et c’est reparti pour la croisière de l’après midi. Fort heureusement, le vent s’est calmé et maintenant que j’ai installé ma jupe de kayak, elle s’avère être superflue. Nous nous enfonçons dans les terres avec les décors changeant peu à peu, la mangrove se faisant plus présente, les collines alentours s’élevant en douceur et la profondeur de l’eau diminuant. En s’approchant du fond de la baie, nous sentons à certains coups de rames que nous touchons le sol boueux. Un mur de mangrove nous fait face, avec plusieurs entrées possibles pour s’aventurer dans ses méandres. Selon les instructions, nous devons prendre le deuxième en partant de la gauche. Nous nous y aventurons et il semble que d’un coup, tout son s’éteigne. L’épaisse mangrove nous enveloppe et nous offre sa quiétude, uniquement ponctuée de quelques chants d’oiseaux et du bruit de nos embarcations qui filent sur l’eau.
Et nous voici arrivés au bout de notre excursion, dans un champ d’herbes bordé par une route, où nous échangerons nos kayaks contre nos chers sacs à dos qui ne nous avaient pas beaucoup manqué. J’ai réservé un petit hébergement avec une vue magnifique surplombant la baie pour une soirée de béatitude ; douche chaude, machine à laver, lit confortable. Le trio gagnant !
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