🗓️ Le 24 octobre 2025

🏁 Kilomètres : 101

 

Premières pluies durant la nuit. Je ne suis pas très satisfait de ma tente, sa conception particulière très légère fait qu’elle ne possède qu’une paroi. Et quand il y a de l’humidité, ça coule sur mon sac de couchage, ou alors ça goutte légèrement sur mon visage … certains puristes ne se sentent pas très dérangés par cet aspect, mais moi je préfère mon petit confort, quitte à avoir une tente un peu plus lourde (on parle de 400g de différence, pas d’une enclume). J’ai donc commandé une nouvelle tente avec deux parois chez le même fournisseur, envoyé un mail pour lui demander s’il acceptait de me faire un remboursement sans trop y croire… et il y a répondu favorablement ! Je récupérerai donc ma nouvelle tente dans une bonne semaine.

 

Je suis encore une fois le premier du groupe à démarrer la marche, j’attaque les 31 derniers kilomètres sur la fameuse “90 Miles Beach”. Ce matin l’air est venteux, de légères gouttes de pluie fouettent mon visage, la mer à ma droite est déchaînée. Je suis aux anges. C’est vivant, c’est vivifiant, c’est exaltant, c’est pur, c’est énergisant ! Je me sens chanceux d’être là. Je pousse des cris de bonheur que seul le vent pourra entendre. Je n’aurais raté ça pour rien au monde.Je suis à la fois content de finir cette section qui est un gros morceau et un peu nostalgique car j’ai l’impression que c’est passé si vite. Alors j’essaye d’en prendre plein les yeux, de m’en gaver. Je marche en général les yeux rivés au sol, alors je me pousse à fixer mon regard sur le lointain et d’observer les vagues qui s’écrasent sur le sable. Je voudrais conserver cette image vivante dans mon esprit. 

 

Les kilomètres défilent tout seuls, j’agrémente ma marche de pauses de la même manière que la veille pour arriver à gérer mon effort. Mes compagnons du premier jour ont tendance à avancer rapidement et avec peu de repos. C’est tentant de vouloir essayer de rattraper l’un de mes camarades quand j’ai sa silhouette en ligne de mire .. mais pour quoi faire? si ce n’est pour satisfaire un ego sans réelle importance. Alors je préfère donner la priorité à mon corps. Il me porte, je le récompense de repos bien mérités. Je lui promets de bien prendre soin de lui, c’est mon indispensable outil pour m’emmener loin. Les 10 derniers kilomètres se profilent. La plage forme une légère courbe sur la droite. Je peux voir au loin le petit village d’arrivée, mais encore une fois l’illusion d’optique fait son effet ; on avance sans avoir l’impression d’avancer. Ne reste que 5 kilomètres. Je sens la fierté monter. Je ressens de la gaieté. J’ai envie de célébrer, de faire des danses de la joie, alors je prends mes écouteurs et je me mets du Taylor Swift. Que c’est bon d’être seul, personne devant, personne derrière, je peux chanter à tue tête ! Je peux chanter aussi fort que je veux, je m’époumone. 3 kilomètres restants, j’aperçois Ben devant moi qui a l’air de souffrir. Ses pieds lui font terriblement mal, il a l’air épuisé. A l’opposé, je me sens bien. Un peu fatigué certes, qui ne le serait pas après 30km? Mais je sens en moi une énergie enivrante. 

 

Ça y est, j’aperçois le bout de la plage. Avant de quitter le sable, je note avec un de mes bâton de randonnée un petit message “we did it”, “nous l’avons fait”. La grève se termine dans un petit village côtier de 1200 âmes nommé Ahipara. Je rejoins le camping où je retrouve Steffie et Ben. Steve et Georges nous rejoignent un peu après. Ils sont tous épuisés. Ils ont tous des ampoules, certains juste des petites, pour d’autres de grosses cloques. Ben bat tous les records: deux grosses ampoules sous les talons + sur l’avant des pieds + sur les mains (dus aux bâtons de marche). J’ai mal pour lui quand je le vois marcher. Ils vocifèrent tous contre la plage, se jurant de ne plus jamais y mettre un pied. Et moi, je me demande quand est-ce que j’y retournerais la prochaine fois? Je reste plutôt discret car ils sont tous à l’agonie et je trouve que ça serait mal placé de ma part de fanfaronner, me sentant en superbe forme. Je sens vraiment que mon entraînement de trois semaines dans les Vosges cet été fut une excellente préparation.

 

J’ai terminé Ninety Miles Beach. J’exulte !

 

 

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