🗓️ Le 28 octobre 2025
🏁 Kilomètres : 178
Le réveil ce matin est douceâtre, la nuit a pourtant été agitée, un violent orage ayant éclaté avec de forts vents. Nous l’avions anticipé, nous vérifions les bulletins météo quotidiennement (ou du moins autant que faire se peut).
La veille, une fois sortis de la forêt, nous avions deux choix. Monter la tente sur un espace de camping proche de Raetea ou continuer à marcher sur 6 kilomètres le long d’une route pour atteindre un petit commerce de proximité à l’arrière duquel il est autorisé à camper. J’avais lu dans les notes et sur les différents commentaires qu’en cas de mauvais temps il serait éventuellement possible de dormir abrité dans un bâtiment annexe. J’en avais parlé à mes compagnons de marche qui avaient alors tous convenu qu’il était mieux d’essayer d’aller jusqu’au commerce de proximité pour tenter notre chance. Nous savions néanmoins que les possibilités de succès étaient minces car il s’agissait d’un jour férié en Nouvelle-Zélande. En cas d’échec nous comptions également demander au voisinage pour d’éventuelles solutions d’hébergement. Nous voulions vraiment éviter de dormir à l’extérieur en cas d’orage. Nous avions donc marché les 6 kilomètres sous une pluie battante et atteint le petit commerce. Malheureusement nos prédictions étaient correctes, le magasin avait fermé ses portes en raison du jour férié. C’était en traînant les pieds, le moral bas d’être déjà trempés et de savoir qu’en plus nous passerions une nuit humide sous une éventuelle tempête, que nous nous étions dirigés vers l’arrière du bâtiment annexe . Et voilà que nous eûmes la surprise de voir Isabelle nous faire coucou à travers une porte vitrée ! Pour rappel, j’avais rencontré Isabelle avec son compagnon Fred au Twilight camp le premier soir ! Nous nous étions croisés ça et là, mais cela faisait quelques jours que je n’avais plus eu de leurs nouvelles. Ils avaient fait l’impasse sur les sections de routes en faisant de l’auto-stop et nous avaient donc logiquement précédés à travers la forêt. Isabelle nous informa que le commerce de proximité était effectivement ouvert aujourd’hui mais qu’ils avaient fermé boutique plus tôt en raison du jour férié. Ils étaient arrivés à temps et la patronne leur avait donné accès aux lieux. Quel soulagement de savoir que nous ne passerions pas la nuit sous l’orage ! Danse de la joie !Georges était également présent dans le bâtiment, ainsi que Hal, un néo-zélandais de 65 ans que nous rencontrions pour la première fois. Nous étions donc 7 la veille au soir à dormir au sec.
Le programme du jour est de rejoindre le Blackbridge camp (comprenez le camp du pont noir) situé à 17 kilomètres. Une petite journée en perspective. En revanche le lendemain promet, à la manière de la traversée de Raetea, d’être un autre défi sur notre route : une marche de 20 kilomètres au cœur de la forêt de Puketī à travers des gorges abruptes et le franchissement d’un cours d’eau sans pont. Toutes ces informations que nous collectons ici et là, des notes officielles du trail ou sur les groupes WhatsApp communs suscitent de l’appréhension. De plus, les fortes pluies de la veille ne sont pas encourageantes... Steffie, Ben et Georges annoncent dès ce matin qu’ils éviteront la forêt et prendront un détour de 30 kilomètres. Je décide d’y aller et de me rendre compte par moi-même du niveau de la rivière avant de prendre une décision. Hal acquiesce et confirme mon choix. Il vient du pays, il connaît les rivières. Je suis content d’être à ses côtés, son expérience sera forcément utile. Isabelle et Fred m’informent qu’eux aussi iront jusqu’à l’entrée des gorges et décideront en temps voulu. Isabelle est un petit bout de femme mais on sent dans ses yeux l’envie d’en découdre ! Nous marchons les 17 kilomètres sous d’incessantes giboulées qui perdureront toute la journée. Pour se protéger, Fred et Isa ont des ponchos bleu électrique qui les recouvrent ainsi que leurs sacs. Nous les avons baptisé les Schtroumpfs. Ils me font rire, en toute bienveillance bien sûr. En arrivant quelques kilomètres avant le camp, ceux qui veulent faire le détour de la forêt nous quittent et empruntent un autre chemin, pendant que nous nous enfonçons dans la forêt. Rapidement nous tombons sur un gué qui permet le passage de la rivière aux voitures. Il est indiqué dans les notes que si l’eau coule par dessus, il est fortement déconseillé de s’aventurer dans les gorges. Le niveau de l’eau est en dessous du gué, premier signe encourageant. Afin de voir si le niveau de l’eau change durant la nuit, je décide de prendre quelques photos. Hal de son côté plante ingénieusement un bâton sur la berge ; cela me semble être bien plus précis que ma méthode lorsque nous irons vérifier demain. Il est rassurant avec son expérience. Nous sommes 4 au campement, puis nous sommes rejoins par les deux américains, Ashley et Greg. Ils ont passé la nuit dernière dans la tente sous l’orage et n’ont pourtant pas l’air très affectés moralement. Un peu plus tard, 6 autres marcheurs que j’avais aussi déjà croisé occasionnellement s’installent au camp. Nous sommes nombreux ce soir. Les giboulées se sont arrêtées et nous pouvons planter notre tente au sec.
J’écris ces lignes ce soir sans savoir si nous tenterons la traversée des gorges demain matin.
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